Les organisations de la Société Civile célèbrent la “Journée Africaine pour une Dentisterie Sans Mercure”
(Yaoundé, Cameroun) Aujourd'hui, plus de 40 organisations de la Société Civile (OSC), y compris le Centre de Recherche et d’Education pour le Développement (CREPD) du Cameroun, célèbrent la 3ème Edition de la "Journée Africaine pour une Dentisterie Sans Mercure".
La célébration de cette année est très particulière et nous demandons aux gouvernements des pays africains d'interdire l'utilisation de l'amalgame dentaire dans les dents de lait.
En fait, après la signature de la «Déclaration d'Abuja» en 2014 appelant l'Afrique d'être le premier continent à mettre fin à l'utilisation du mercure dans la dentisterie, les OSC africaines ont élaboré un Plan à Abidjan en 2015 pour mettre en œuvre la Déclaration d'Abuja. Le «Plan d'Abidjan», a présenté les objectifs et les stratégies clés pour parvenir à une élimination effective et progressive de l'amalgame dentaire sur le continent. Les OSC africaines ont également convenu de faire du 13 Octobre de chaque année, la journée de sensibilisation sur la question particulière de l'élimination progressive de l'amalgame dentaire dans la dentisterie. Cette année, nous célébrons la 3e édition.
Le mercure est une neurotoxine qui peut endommager le cerveau en développement des enfants et les systèmes nerveux avant même qu'ils ne soient nés."[i] C’est fort de ce danger que les OSC ont choisi ce jour, pour lancer un appel aux gouvernements à imposer une interdiction totale de l'amalgame dentaire dans les dents de lait.
Les amalgames dentaires contiennent 50% de mercure, un puissant neurotoxique. Son utilisation de nos jours ne se justifie plus parce que des alternatives plus sures sont maintenant abordables, efficaces et disponibles en Afrique. La restriction de son utilisation est exigée dans le monde entier dans le cadre de la Convention de Minamata sur le Mercure nouvellement adoptée par plus de 140 gouvernements, y compris le Cameroun, à Kumamoto au Japon en 2013. À ce jour, elle a été signée par 102 pays et ratifiée par 32 pays. Les gouvernements doivent montrer leur engagement vis-à-vis de ce qu'ils ont signé.
Mettre un terme à l'utilisation de l'amalgame dentaire dans les dents de lait chez les enfants est possible puisque les matériaux de restauration dentaire sans mercure sont beaucoup moins chers que les amalgames dentaires lorsque les coûts environnementaux et sociaux de ces derniers sont pris en compte[ii]. Les coûts de l'utilisation des options sans mercure (y compris le retraitement) est d'environ la moitié du coût de l'amalgame sans retraitement, ce qui rend cette technique sans mercure beaucoup plus abordables dans les collectivités à faible revenu, en particulier dans les zones dépourvues d’électricité ou même dans les cliniques dentaires[iii].
"Nous demandons au Cameroun et aux autres pays d’Afrique, de prendre la décision courageuse d'interdire l'utilisation d'amalgame dans les dents de lait. En comparaison aux autres, l'Afrique est le continent qui utilise moins d’amalgames, environ 10% de la consommation mondiale annuelle de mercure[iv] et contribue à 260-340 tonnes de pollution par le mercure dans le monde chaque année[v]. Nous sommes plus près de la ligne d'arrivée que tout autre continent" a déclaré Dr. KUEPOUO Gilbert, Coordinateur du CREPD.
«La dentisterie sans mercure fait son chemin en Afrique. Des études récentes en Côte d'Ivoire, au Cameroun et en Tunisie montrent que, déjà, près de 30% des dentistes utilisent des alternatives sans mercure dans les soins dentaires». A-t-il renchéri.
En outre, des activités sont entreprises dans tous les coins du continent pour faire prendre conscience à la population des effets adverses du mercure sur la santé et l'environnement. C’est le cas en Afrique du Sud, au Bénin, au Cameroun, en Côte d'Ivoire, en Ethiopie, en Guinée, au Ghana, au Kenya, à l’Île Maurice, au Sénégal, en Tanzanie et en Tunisie.
Les OSC rappellent aux Etats africains leurs contributions décisives lors des sessions de négociation de la Convention de Minamata qui ont fait en sorte que la restriction sur l’utilisation des amalgames dentaires soit spécialement incluse dans le traité, en faisant valoir avec force l'élimination de l'amalgame en général, et à la mise à terme de l’utilisation de l'amalgame dans les dents de lait de manière spécifique. Lors de la consultation régionale africaine tenue à Pretoria le 9 mai 2012, la Région africaine a hardiment adopté un plan pour l'amalgame dentaire - les étapes d'élimination progressive – qui couplé avec des amendements ultérieurs a été inscrit dans le texte de la Convention. Référence est également faite à la Déclaration de Libreville sur la santé et l'environnement en Afrique (Août 2008)[vi].
Le rapport de l'Organisation Mondiale de la Santé « Future Use of Materials for Dental Restoration», mentionne que «les données récentes suggèrent que les RVC [Résines de Verre Composites] s’utilisent aussi bien» que l'amalgame[vii] - et offrent des avantages pour la santé bucco-dentaire supplémentaires parce que «les matériaux adhésifs à base de résine permettent la destruction de moins de matériel dentaire et , en conséquence, à une survie plus longue de la dent elle-même». Ainsi, les composites et même d'autres alternatives comme le Ciment Verre Ionomère (CVI) pourraient être utilisés pour obturer les dents des enfants.
Les OSC appellent les pays africains à travailler ensembles pour que, faire de l'Afrique le premier continent où se réalise aisément la dentisterie sans mercure - considérant que la quantité actuelle d'amalgame dentaire utilisé en Afrique est beaucoup plus proche de zéro que dans tout autre continent. En 2010, la Région africaine subsaharienne a utilisé seulement six (6) tonnes de mercure dentaire[viii].
Contact: Gilbert KUEPOUO, Ph.D., Coordonnateur CREPD, Tel: 242825094, kuepouo@yahoo.com
[i] United States Environmental Protection Administration,http://yosemite.epa.gov/opa/admpress.nsf/d0cf6618525a9efb85257359003fb69... (2010).
[ii] Lars D. Hylander & Michael E. Goodsite, Environmental Costs of Mercury Pollution, Science of the Total Environment 368 (2006) 352-370; Concorde East West, The Real Cost of Dental Mercury (March 2012), pp.3-4
[iii] Pan American Health Organization, Oral Health of Low Income Children: Procedures for Atraumatic Restorative Treatment (PRAT) (2006), http://new.paho.org/hq/dmdocuments/2009/OH_top_PT_low06.pdf, p.xii. (“The costs of employing the PRAT approach for dental caries treatment, including retreatment, are roughly half the cost of amalgam without retreatment. PRAT as a best practice model provides a framework to implement oral health services on a large scale, and it can reduce the inequities for access to care services.”); S. Mickenautsch, I. Munshi, & E.S. Grossman, Comparative cost of ART and conventional treatment within a dental school clinic, Journal of Minimum Intervention in Dentistry (2009), http://www.miseeq.com/e-2-2-8.pdf (“ART is also a cost-effective means of oral health care within a modern dental clinic. The ART approach can be undertaken at approximately 50% of the capital costs of conventional restorative dentistry.”)
[iv] UNEP/AMAP, Technical Background Report to the Global Atmospheric Mercury Assessment (2008), p.20
[v] Data from UNEP.
[vi] http://www.afro.who.int/fr/downloads/doc_download/2224-declaration-de-li...
[vii] World Health Organization, Future Use of Materials for Dental Restoration (2011),http://www.who.int/oral_health/publications/dental_material_2011.pdf, p.11
[viii] AMAP/UNEP Technical Report for the Global Mercury Assessment” (2013), http://www.amap.no/documents/doc/technical-background-report-for-the-glo..., at p. 103