Le Senegal en Alerte Rouge
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Ibrahima Baldé
L’utilisation des polluants organiques persistants (Pop) est devenue récurrente au point de nuire à la santé des Sénégalais. L’étude réalisée par Pesticide action network (Pan) Sénégal – de décembre 2017 à fin avril 2018 -, a relevé des risques énormes allant, à cause de l’utilisation des Pops, être à l’origine de la malformation, des maladies comme le Cancer ou provoquer des perturbateurs qui peuvent endommager le cerveau et la stérilité chez l’homme.
En l’absence d’un cadre légal et réglementaire pour encadrer ou procéder à l’élimination des polluants organiques persistants (Pop), le Sénégal se situe désormais dans la zone rouge.
En effet, depuis la signature de la convention de Stockholm en 2001, entrée en vigueur en 2004 et ratifiée depuis par 179 pays, la lutte contre la pollution chimique, la situation n’a pas évolué au Sénégal en terme de prise en charge de cette question, notamment des mesures d’interdiction ou à un sévère contrôle.
Il est clair que les polluants organiques persistants ont des effets toxiques de très longue durée sur la santé humaine et l’environnement. En faisant un état des lieux en termes de documentation, de données et les sources d’émission, de contamination et d’éventuelles pollutions liées à ces Pop, l’étude réalisée pendant la période allant de décembre 2017 à fin avril 2018, a fait ressortir qu’il existe au Sénégal des Pops détectés dans un ensemble de secteur, notamment dans l’informel, l’industrie.
Les voitures importées, l’essence sans plomb, la fonderie
L’association Pesticide action network (Pan) Sénégal fait cas, selon les résultats de l’étude, des «véhicules importés où nous retrouvons des Pfos (perfluorooctane sulfonic acid, Ndlr) au niveau des bousses des voitures».
En plus de cela, explique la présidente de Pan Sénégal, «l’étude a détecté que l’essence sans plomb contient des Pops au Sénégal ; sans oublier le secteur de la fonderie de Colobane. Ce sont des sourdes d’émission non intentionnelle que nous retrouvons dans les matériels importés, notamment les ordinateurs, les téléphones, les écrans de télévision».
Si le Sénégal, en général, ne produit pas ces Pops, il n’en demeure pas moins qu’on les trouve dans certains types de matériaux.
«Des études récentes dans le monde ont détecté de quantités importantes dans les Pfos dans les jouets pour les enfants. Le Sénégal doit aller dans ce sens pour mener des études sur les importations des jouets pour voir le degré de contamination», souligne Maimouna Diene Wane. Elle poursuit : «la zone des Niayes est une localité de fortes productions agricoles. Les producteurs y utilisent des pesticides pour améliorer le rendement. Nous nous sommes rendus compte que des Pesticides Pops ont été à l’origine de la contamination de la nappe phréatique».
En ce qui concerne le lait maternel, Maimouna Diene Wane fait savoir que «si la femme est exposée aux Pops, à savoir les polychlorobiphényles (Pcb) et autres, il est normal que l’on trouve des traces de Pops sur le lait. Une étude faite par le centre Antipoison confirme cette thèse».
L’Etude rappelle qu’en 2014, l’inventaire des Polychlorobiphényles (Pcb) a permis de recenser au total 1243 transformateurs en service et hors service supposés contenir des Pcb.
Un autre type de Pops, selon l’étude sur la situation au Sénégal, les Polybromodiphényléthers (Pbde) sont détecté dans la mousse des véhicules actuellement en service (2013) et sont l’ordre de 1 223 kg pour les camions et voitures en provenance des USA.
L’utilisation des Pops n’est pas sans conséquence. L’association Pan explique que les «risques sont permanents. Les Pop peuvent être à l’origine de la malformation, des maladies comme le Cancer. Les Pop sont aussi des perturbateurs qui peuvent endommager le cerveau et la stérilité chez l’homme».
Si le Sénégal n’a pas les moyens de disposer des unités dédiées à la destruction de ces produits parce que ce sont des pesticides qui contiennent du chlore, le Pan recommande tout de même des mesures urgentes afin d’atténuer les problèmes liés aux Pops et arriver à une gestion écologiquement rationnelle de ces polluants.
Sur le cadre juridique et institutionnel, Maimouna Dine Wade propose «un décret ou un arrêté pour interdire l’utilisation des Pop». En plus de cela, elle préconise la «réalisation des inventaires plus détaillés et complémentaires sur les rejets de dioxines des activités du secteur informel dans les différentes matrices de l’environnement».
«Il faut prendre des dispositions claires dans le Code de l’environnement pour gérer efficacement les questions de Pop. Objectif d’ici 2025 : élimination des Pop comme retenu dans la Convention de Stockholm», dit-elle.